Les cours de yoga fleurissent en Occident depuis quelques décennies à une vitesse impressionnante ! Bien qu’il s’agisse d’une forme très ancienne, le Nâtha Yoga conserve toute son originalité dans ce large éventail de propositions et constitue une réponse particulièrement intéressante aux aléas de la modernité (stress, surcharge mentale, troubles musculo-squelettiques...).
Les postures restent l’un des éléments essentiels utilisés. Par rapport à d’autres formes posturales de yoga (hatha yoga), le Natha Yoga mobilise de nombreuses techniques au sein même des postures pour en éveiller les potentiels (contractions internes, souffles, visualisations, sons, etc.) et agir aussi sur les plans du mental et de l'énergie. Ainsi, les bienfaits physiologiques sont réels (pour détendre le corps, dénouer les tensions, agir sur les points douloureux, etc.) mais ne sont généralement pas le seul but recherché. Afin d’éveiller les différents potentiels existant chez l’individu, les techniques posturales sont variées, c’est-à-dire tantôt dynamiques ou statiques, exigeantes physiquement ou dans le relâchement complet, courtes ou longues dans la durée, etc. En somme, la boite à outils est bien fournie, il ne reste plus qu’à apprendre à les utiliser !
Le Natha Yoga place le « souffle », c’est-à-dire la respiration, au cœur de sa pratique. Dans la vie ordinaire, notre respiration est en permanence influencée par les événements extérieurs et par nos états intérieurs. Pour prendre un exemple flagrant, notre souffle se bloque dans une situation de peur ou de stress intense. A l'inverse, la respiration peut devenir calme et légère lorsque nous sommes absorbés dans une activité qui nous passionne. En apprenant à maîtriser sa respiration, il devient possible de réduire cette influence pour rester dans un état de recul vis-à-vis des remous du quotidien. De plus, agir consciemment sur la respiration permet par le mécanisme inverse d’induire des états intérieurs différents : détente, apaisement, recentrage, etc.
Les techniques de visualisation constituent un autre pan essentiel de cette approche. D'une part, ce procédé permet de s’intérioriser pour se ressourcer, une démarche difficile tant les sollicitations extérieures sont nombreuses au quotidien. D'autre part, la pensée qui peut-être créatrice lorsqu’il s’agit de l’extérieur peut aussi l’être en agissant « à l’intérieur » . Bien guidée, une visualisation permet ainsi d’agir sur les plans subtils de l’individu.
D’autres procédés mobilisés ont une place tout aussi importante, car les qualités éveillées sont le fruit de la combinaison des différentes techniques. Nous pouvons par exemple citer les contractions internes, comme mulabandha qui apporte verticalité et puissance, les mudra (gestes) ou encore les mantra (sons). Bien sûr, l’apprentissage est progressif et chacun pourra privilégier les techniques correspondant le mieux à ses affinités personnelles !
Derrière les aspects purement techniques enseignés dans un cours, il existe tout un arrière-plan philosophique et une manière d’appréhender le monde propres au tantrisme. Cette particularité nous amène notamment à rester dans une recherche de saveurs et de plaisir durant la pratique. Humour et dérision sont également les bienvenus pour que le temps de la pratique représente un espace de liberté, sans recherche de performance ni jugements envers soi-même. Il ne s'agit donc aucunement d'une compétition ! Nous recherchons plutôt un juste équilibre entre tension et lâcher-prise, en restant attentifs aux ressentis plutôt qu’au discours mental continu.
Cet état d’esprit transparaît nécessairement au travers de l’enseignement puis retentit dans le quotidien lorsque la pratique s’installe. Une pratique régulière permettra ainsi
d’avoir plus de recul, d’entretenir une joie intérieure indépendante des événements extérieurs, mais aussi de mieux maîtriser sa santé et ses états physiques.